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Les périlleux rachats d'entreprises menés par des fonds d'investissement avec un fort recours à l'emprunt, les fameuses opérations de LBO , seront-ils bannis du paysage financier de l'après-crise ? Peut-être pas, mais les fonds d'investissement, autrefois surnommés les "rois du monde", tels les américains Blackstone, KKR, ou les européens Permira, 3i, PAI Partners, etc., ont désormais la vie dure.

 

L'avenir de certains d'entre eux semble même compromis. Selon les experts, jusqu'à 30 % des fonds dits de LBO pourraient disparaître, s'éteignant une fois leurs derniers investissements menés. "Les fonds qui se sont créés avec la bulle du crédit disparaîtront avec la bulle, explique Antoine Dréan, patron du Triago, une société qui sert d'intermédiaire entre les fonds et les investisseurs. Le marché se nourrissait d'illusions, c'est le retour à la réalité."

 

Ces fonds paient leurs excès des années 2005, 2006 et 2007. A cette période, ils ont multiplié les rachats d'entreprises parfois gigantesques - Blackstone s'est emparé des hôtels Hilton pour 26 milliards de dollars à l'été 2007 - en empruntant massivement. La dette, supportée in fine par l'entreprise rachetée, représentait parfois jusqu'à 70 %, voire 90 %, de la mise nécessaire.

 

Mais l'opération, censée doper les profits de ces investisseurs grâce à un effet de levier, s'est, avec la crise, retournée contre eux. Certaines entreprises, tel le fabricant de tuiles Monier, racheté par le fonds PAI, ont été saisies par leurs créanciers. Près de 30 % des LBO en France négocient une réduction de leurs créances devant les tribunaux de commerce. "Les problèmes sont encore devant nous", ajoute M. Dréan. Selon lui, entre 500 milliards et 1 000 milliards de dollars de dettes LBO arrivant à échéance en 2012 seront difficiles à rembourser.

 

Les entreprises concernées devraient échapper au dépôt de bilan, les pertes étant supportées la plupart du temps par les fonds et/ou les banques, mais les dirigeants y regardent désormais à deux fois avant de revendre leur société à un fonds plutôt qu'à un industriel. "A cause de la crise, beaucoup de patrons ne veulent plus entendre parler de dette", rapporte Christophe Karvelis, associé et cofondateur du fonds Capzanine.


"Il y a un sérieux problème d'image porté par quelques opérations de LBO malheureuses, par une mauvaise compréhension de leurs mécanismes et par l'arrogance de certains fonds", reconnaît aussi Jean-Louis de Bernardy, à la tête de l'AFIC, l'association représentant les fonds d'investissement en France. Du côté des banques, "il faut maintenant montrer patte blanche. Elles ont une liste noire de fonds avec lesquels elles ne veulent plus travailler", rapporte Gonzague de Blignières, patron de Barclays PE.

 

La faiblesse des opérations de LBO menées au premier semestre en France - 133 entreprises ont été rachetées, contre 240 un an plus tôt, pour 636 millions d'euros, contre 3,7 milliards en 2008 - traduit ces difficultés.

 

Pour les fonds, le problème est d'autant plus aigu que les investisseurs se détournent des LBO, préférant placer leur argent en Bourse, par exemple. De fait, certains ont perdu beaucoup et les rendements attendus par ces placements, de l'ordre de 10 % à 15 % par an, sont bien moins juteux que les 30 % espérés avant la crise.

 

Et pour l'avenir, les nouvelles exigences européennes visant à rendre les compagnies d'assurances plus solides inquiètent les fonds car ces mesures vont réduire leur capacité d'investissement. Or les assureurs sont, en France, les principaux pourvoyeurs de capitaux pour les fonds de LBO.


"Comme dans chaque crise, certains acteurs vont disparaître, conclut Dominique Sénéquier, PDG du fonds Axa PE, mais les équipes qui n'ont pas démérité vont résister." Axa PE fera, selon elle, partie des survivants. Tout comme les fonds capables de remettre de l'argent dans les entreprises sous LBO en difficultés pour les empêcher de couler.

Objets de toutes les critiques, les fonds se disent prêts à modifier leurs pratiques, à racheter des entreprises plus petites avec moins, voire plus de dette du tout, espérant faire des profits grâce à leur technique de gestion et non plus via l'effet de levier financier. "On va refaire ce qu'on faisait avant et on va le faire correctement", promet M. Karvelis, le patron du fonds Capzanine.


Claire Gatinois
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